Guides de haute montagne

Ascensions de volcans d'Équateur

Lundi 7 Décembre 2015

Un séjour d'andisme pour gravir les plus hauts volcans d'Équateur.


De retour d’un superbe voyage en Équateur avec Pierre et Gilbert.
Comment vous retranscrire un voyage de 15 jours en quelques lignes sans omettre de retranscrire les émotions ressenties pendant ce voyage.
Le départ fût finalement plus tourmenté que le voyage en soi.
Tout à commencer par un coup de fil de Pierre me demandant 12 jours avant s’il reste une place pour Gilbert.
Après quelques discussions avec l’agence locale et le principal intéressé, Gilbert rejoint Pierre et Walter pour participer à l’aventure.
Walter ne pourra in fine pas se joindre à nous pour cause de soucis personnels.
Bref, nous ne serons que trois à prendre l’avion pour Quito.

Ambiance coloré dans les villes équatoriennes
Ambiance coloré dans les villes équatoriennes
Après un vol agité pour cause de vents en altitude, nous nous posons dans la capitale équatorienne pour commencer notre acclimatation. 2 800 mètres et nous voilà déjà plus haut que le Cintu !!!
C’est le week-end et les rues sont vides. Peu de circulation mais le soir venu, les équatoriens se retrouvent pour boire un verre sur la Place Foch. Toutefois le contre-coup du vol nous contraint à aller nous coucher tôt.  Demain, les choses sérieuses commencent. Ils nous tardent d’aller voir les montagnes équatoriennes.

Végétation luxuriante au-delà de 4000 mètres
Végétation luxuriante au-delà de 4000 mètres
Fernando, prestataire de l’agence locale, vient nous chercher le lendemain matin pour que nous puissions aller au Volcan Pasochoa (4199 mètres). Le départ, un peu tardif ( 6h30) nous contraint à passer du temps dans les bouchons de Quito… Au regard du sommeil des 3 compères, nous ajusterons pour la suite.
Cette journée sera, avec le recul une des plus difficiles de notre acclimatation avec  une approche longue et des terrains quasiment verticaux dans la boue (3+ dans la boue !!!!)
Nous avons atteint tout de même les deux sommets de plus de 4000 mètres et nous déroulons pour rentrer à la capitale.
Nos premières sensations sont bonnes même si la végétation nous paraît pouvoir poser un problème si elle devenait plus luxuriante que cela (même au-delà de 4000 mètres).

Traversée des Pinchinchas
Traversée des Pinchinchas
Le lendemain nous partons plus tôt et nous ne verrons pas les bouchons. Par contre la pluie nous accompagne sur tout le trajet routier. Arrivés au refuge à 4 500 mètres, point de départ de notre randonnée, comme un signe du destin, la pluie cesse et le temps se dégage pour nous laisser profiter de la matinée pour faire  notre randonnée.
La traversée de Guagua (jeune) Pinchincha à Rucu (l’ancien) Pinchincha est une randonnée en altitude au-dessus de 4300 mètres avec un point culminant à 4789 mètres. Nous marchons lentement et au bout de 6 heures, nous atteignons le téléphérique qui domine la ville de Quito.
Nous patientons calmement en altitude à boire du Mate de Coca en discutant et en apprenant à se connaître Gilbert et moi-même.
 

Descente sur la lagunas de Mojanda
Descente sur la lagunas de Mojanda
De retour à Quito, nous profitons d’une soirée tranquille pour aller fêter mon anniversaire dans un superbe restaurant gastronomique. Des petits plats raffinés accompagnés d’un bon verre de vin Chilien.
 
Le lendemain, nous quittons la Capitale pour aller au Nord du pays et gravir le volcan Fuya Fuya (4263 mètres). Ce volcan possède deux sommets que nous gravirons après avoir observer les condors pendant une demi-heure nous tourner autour.
Il n’existe plus que 105 spécimen en Équateur et 3 d’entres eux nous ont fait l’honneur de vols en tout genre.
Un moment unique de partage qui nous permis d’ailleurs de rester en altitude un peu plus longtemps.
En redescendant nous nous sommes arrêtés déjeuner dans un hôtel de charme : casa Mojanda. Catherine, la compagne de Fernando (notre chauffeur), nous a accueilli dans sa maison comme des rois. Un superbe lieu à conseiller pour se reposer et profiter des spécialités culinaires du coin.
Nous logeons à Otavalo pour la soirée. Haut lieu de commerce, son marché est connu dans toute la région. 

Lagunas de Cuicocha
Lagunas de Cuicocha
Le lendemain matin, nous en profitons pour faire nos achats avant d’aller faire le tour de la lagunas de Cuicocha. L’endroit, a priori très touristique, est désert et nous en profitons pour nous balader au pied du volcan Cotacachi. Les paysages sont très fleuris et la lagunas nous offre des couleurs d’eaux turquoises somptueuses.
Un transfert en soirée nous amène dans une communauté Quichoa nommée San Clemente. Le lieu est paisible et nous dormons chez l’habitant. Margarita et Jorge nous accueillent dans leur maison de façon simple mais très hospitalière. Nous passons deux journées hors du temps à vivre et à reposer dans un cadre unique.
Nous en profitons tout de même pour parfaire notre acclimatation et gravir l’Imbabura et ses 4630 mètres.
Nous voilà maintenant prêts pour aller tenter notre premier gros objectif avec le Cayambe et 5790 mètres.

Le Cayambe 5790 mètres
Le Cayambe 5790 mètres
Entre temps la météo locale, très peu précise, semble se mettre au beau temps. Ce qui n’est pas pour me déplaire.
La veille, nous partons repérer le départ du chemin avec Pierre. Cela ne pose pas de problèmes et nous montons comme des fleurs jusqu’à 4850 mètres.
Il y a beaucoup de monde au refuge car un séminaire de la société IBM tente le sommet également.

Sommet du Cayambe et sa mer de nuages
Sommet du Cayambe et sa mer de nuages
Au regard de notre rythme de marche, j’opte pour un départ tardif (23h30).  L’ascension s’est passée sans encombre. Le cheminement sur la calotte sommitale n’est pas si évident que cela et de grands détours sont nécessaires  pour franchir les crevasses du Nevado Cayambe.
Un peu de monde au sommet mais très bonne mentalité des équatoriens présents qui félicitent tout le monde. Même en haute altitude, les gens sont accueillants et sympathiques !!!!
La descente n’est qu’une formalité que nous effectuons en un temps record… Fernando nous attend à la voiture pour nous conduire dans le parc du Cotopaxi et se reposer. Il assure seul le trajet et nous somnolons tout le trajet, épuisés de cette nuit blanche mais tellement heureux de notre victoire, si modeste soit elle.
Dans l’hacienda d’El Porvenir, nous profitons pleinement du lieu pour nous détendre, laver nos affaires et boire des jus de fruits pour récupérer et nous préparer pour notre second objectif.
 L’altitude du lieu (3 600 mètres) contribue nos organismes à produire encore des globules rouges nécessaires à cette vie en haute montagne.

Les Termes de Banos
Les Termes de Banos
Pour récupérer pleinement nous nous rendons aux portes de l’Amazonie. A Baños,  la pluie nous accueille et ne nous lâchera qu’une fois parti de ce lieu. Nous profitons des Thermes locaux et ses eaux chaudes pour détendre les organismes bien fatigués de cette première semaine d’activités.
 
Il est aussi temps de discuter entre nous de ce que nous vivons ici qui se déroule comme un conte de fées…
 
Nous nous mettons déjà à rêver d’un sans faute avec l’ascension du Chimorazo prévu le Jeudi suivant.
Malheureusement, la pluie aura eu raison de la santé de Gilbert pour le rendre fiévreux pour se rendre au refuge.
De longues discussions dans la soirée et la nuit (d’ailleurs jusqu’au petit-déjeuner…) n’arriveront pas à le convaincre d’essayer l’ascension avec nous.
Mais il ne regrettera pas son choix car sa décision est prise et c’est un homme de grandes valeurs que Pierre et moi respectons beaucoup. 

Sommet du Chimborazo et ses 6310 mètres
Sommet du Chimborazo et ses 6310 mètres
Nous voilà donc partis Pierre et moi à 23h pour tenter le sommet.
J’ai bien entendu quelques bourrasques dans la soirée mais j’espère que cela cessera dans la nuit. En tout cas, il fait grand beau et on va en profiter.
Du refuge Carrel à 4820 mètres nous prenons notre petit rythme mais même ainsi nous rattrapons très vite nos prédécesseurs.  À 5200 m, nous avons doublé tout le monde et je pense déjà que certains ne sont ni acclimatés, ni en forme pour aller bien plus haut.
Les 9 personnes accompagnées de leurs guides locaux s’arrêteront en fait à la limite de la neige avec une excuse sur les chutes de pierres à venir…
Pour notre part, nous nous faufilons dans le corridor en louvoyant entre les séracs. Le cheminement n’est pas évident à trouver et je laisse parler mon flair en repensant à Edward Whymper qui fût le premier ascensionniste avec ses guides italiens de génie : les frères Carrel.
En arrivant sur l’arête, le vent est régulier et fort. Nous nous protégeons comme il faut et continuons l’ascension.
Le terrain est régulier et la pente est en neige dure jusqu’à 200 mètres de dénivelé sous le sommet. Des pénitents apparaissent comme un ultime barrage à notre accession au sommet mais notre volonté est plus forte que ces formations de glace. Au bout de 7h d’efforts, nous sommes au sommet avec une vision à 360 degrés saisissante. Le vent possède une grande vertu qui est de balayer le ciel et rendre la lumière plus pure. Nous pouvons ainsi voir tous les volcans d’Équateur. C’est grandiose et émouvant.

Le marché d'Otavalo et ses couleurs
Le marché d'Otavalo et ses couleurs
La descente demande de la vigilance car les organismes sont fatigués. Arrivés au refuge, nous profitons de l’absence de nos amis pour dormir une petite heure. Elle fera un bien fou car nous n’avons pas encore dormi et les nuits blanches ne sont pas notre spécialité.
Gilbert nous réveillera avec un superbe accueil et des félicitations. Il a participé à notre ascension toute la nuit et a essayé de nous rejoindre mais par une autre voie.
Quel soutien inattendu et quelle joie pour ses amis !!! C’est très touchant.
 
Un peu sur une autre planète nous rejoignons Quito après une route très agréable où les paysages sont encore différents de ceux déjà rencontrés.
La capitale se prépare à fêter son anniversaire de création de la ville (6 décembre 1534). Nous y participons dans une ambiance festive où l’alcool coule à flots.

L'équipe au sommet
L'équipe au sommet
Que vais-je retenir de cette aventure humaine ?
Je crois que ce séjour aura été l’occasion de rencontrer et/ou concrétiser les relations entre Gilbert, Pierre et moi. Cela s’est déroulé sans encombre et des liens forts se sont tissés entre nous. D’ailleurs, même 6 jours après, nos corps sont présents mais nos esprits sont restés là-bas, dans l’ambiance du pays, en prenant soin les uns des autres.
 
Le pays est lui aussi très agréable. Les habitants sont calmes et respectueux. Fernando, notre chauffeur est un digne représentant du pays. D’une gentillesse sans faille, il sait s’adapter à nos attentes, et est à l’écoute de nos demandes.
Les paysages sont très beaux également avec des cultures en altitude. Les volcans et une nature luxuriante jusqu’à 4500 mètres selon les massifs rencontrés offrent au pays un relief impromptu.
 
Un très grand merci à Antoine ainsi qu’à ITK Trekking qui ont su collé au plus proche de nos désirs.
 
J’espère voyager à nouveau avec Gilbert et Pierre car ce sont des partenaires irréprochables.
Un grand merci à eux pour ce qu’ils ont fait pour moi et ce partage d’émotions si intense.

Pour plus de photos de notre aventure
 

Cédric Specia